C’est en plein cœur de Hondschoote, que j’ai pu approfondir mes connaissances sur la matière naturelle du lin, de sa culture à sa transformation. Grâce à la visite guidée “Mardi du Lin” organisée par Le Grenier du Lin, j’ai pu apprendre les secrets de fabrication de la filière du lin, me balader dans les champs de lin en floraison, visiter l’extérieur de l’usine de transformation du lin et même voir une démonstration de teillage à l’ancienne !
La culture du lin est dite raisonnée. Mais pourquoi ? Il existe des responsables de plaine qui expertisent les champs pour réguler et optimiser les plantations. Allo docteur du lin ? Pendant toute la culture, de mars à juin, de nombreuses normes vont être respectées pour produire un lin de qualité sur 3 critères. Mais quels sont-ils ? Je vous emmène dans l’univers passionnant du lin, êtes-vous prêts ?
Rencontre avec un expert et passionné du lin
Je nomme Arnaud Van Robaeys, teilleur de lin depuis 3 générations et gérant du commerce Le Grenier du Lin. Plus de 30 ans d’expérience métier, il a été mon guide pendant quelques heures pour me transmettre son expertise sur cette matière végétale de qualité. Véritables échanges et partage de connaissances, Arnaud raconte l’histoire du lin, cette plante aux multiples facettes qui enchante petits et grands !
Le lin de notre région Hauts-de-France
Quand nous parlons du lin français – qui représente tout de même plus de 80% de la production mondiale, nous entendons souvent qu’il vient de Normandie, mais encore très peu du Nord. En réalité, la culture du lin s’étend dans tout le Nord-Ouest de l’Europe, de Brest à Amsterdam en passant bien entendu par notre jolie région des Hauts-de-France.
Dans toutes les régions où se trouvent les liniculteurs (cultivateurs de lin), le climat est idéalement humide et tempéré car la plante de lin est exigeante et nécessite un travail de grande qualité entre agriculteurs et producteurs de lin.
Une culture du lin sous haute surveillance
Effectivement, la culture du lin demande un travail quotidien de haute qualité permettant de semer, récolter et réaliser les rouleaux de paille de lin les meilleurs du marché ! Chaque parcelle de champ est étudiée et surveillée régulièrement afin d’avoir un sol parfaitement sain pour accueillir le lin : semer la graine de lin à différents moments du mois, espacer les récoltes et les optimiser. C’est donc le rôle des responsables de plaine qui viennent étudier les sols des champs.
Balade dans les champs de lin
J’ai pu découvrir toutes les étapes de fabrication du lin grâce aux explications d’Arnaud. En plein cœur des champs, il m’a raconté la complexité de la culture du lin : la préparation des champs, les semis en avril-mai, la floraison en juin, les étapes de transformations directement dans le champ en juillet jusqu’au teillage en août. En règle générale, la graine de lin est plantée au début du printemps. Les connaisseurs parlent des 100 jours du lin, c’est le temps nécessaire au lin pour se lever pour atteindre généralement 1m20. En 2023, le climat n’a pas permis aux agriculteurs de semer la graine à la date prévue à Hondschoote. Le temps pluvieux a engendré environ 6 semaines de retard, nous espérons tous un climat plus clément pour la suite de la récolte !
“ Comme dans tous les métiers qui touchent à la terre, il est impératif de s’adapter en fonction du climat. Une décision prise hâtivement ou trop tard peut être néfaste pour toute une récolte ! ” me confiait Arnaud.
Floraison de la fleur de lin
C’est en juin que les jolies fleurs de lin font son apparition. Composées de 5 petits pétales bleus, ces fleurs existaient également en coloris blanc dans le passé. Depuis les années 90, la fleur bleue est celle qui est la plus récoltée car c’est la plus riche en fibres. Le cycle d’une fleur de lin est très court, en général elle ne fleurit que 6 heures ! Elle aime le soleil et est orientée vers cet astre, c’est pourquoi, vous pouvez apprécier ces couleurs bleutées uniquement quelques heures par jour – généralement de 8h à 14h. Il faut donc être rapide pour en profiter et faire de jolies photos dans le champ fleuri !
Au gré du vent, les pétales vont s’envoler pour disparaître totalement en fin de journée pour ne laisser que le cœur de la fleur, appelé la capsule. La capsule de lin comprend environ 10 graines. Le jour suivant, ce sera au tour d’autres fleurs qui vont faire leur apparition. Ainsi de suite, jusqu’à la fin de la floraison.
Mais du coup, où se trouve la fibre de lin ? La fibre de lin se situe à l’intérieur de la tige sous forme d’un cylindre rond et creux. Ce n’est qu’une fois séchée qu’elle sera récoltée mécaniquement. Voyons ensemble les différentes étapes de récolte du lin de Hondschoote.
Culture du lin, les différentes étapes
De nombreuses étapes vont ensuite être nécessaires avant d’amener les fibres à l’usine. La première s’appelle l’arrachage et elle sera réalisée lorsqu’il ne reste que la tige dans les champs de lin – c’est -à -dire que le phénomène de maturité s’est produit lorsque les fleurs et feuilles ont disparu. Une fois arrachées, les tiges sont alors disposées sur le sol pour qu’elles puissent faner pendant plusieurs jours/semaines.
Débute ensuite l’étape du rouissage, c’est l’une des étapes indispensables pour le bon déroulement de la récolte. En effet, exposées aux intempéries – climat pluvieux et ensoleillé, les tiges doivent sécher et jaunir de façon homogène permettant ainsi à la fibre d’être plus fine. Sans cette étape de pluie, la récolte se fera mais sera qualifiée de “sous rouillée” ne permettant pas d’avoir des fibres de très grandes qualités.
En fonction de la météo, les tiges sont retournées – grâce à une retourneuse, pour permettre un rouissage parfait des deux côtés. Elles sont ensuite mises en bottes sous forme de rouleaux de lin, grâce à l’étape de roulottage. Le matériel est spécifique au liniculteurs.
” La fin de la récolte est fixée aux alentours du 15 septembre maximum ” précise Arnaud. Une fois récolté, le lin est stocké dans les hangars des agriculteurs puis est transmis à des usines de teillage. Justement, il est temps de partir à la découverte de l’usine de Killem, qui, jour et nuit, œuvre pour réaliser un teillage de haute qualité.
Usine de teillage de Van Robaeys frères
Créé en 1917 à Killem par les grands-parents d’Arnaud, l’usine repérable par son impressionnante cheminée en brique, transforme le lin. Toute l’année et 24h/24h, des tonnes de paille de lin sont transformées. Entre 150 et 200 tonnes entrent dans l’usine chaque jour. Autant en ressortent puisque la plante végétale de lin est 100% utilisée !
Environ 7 milles hectares sont répartis dans différentes régions et sur à peu près 1200 champs (Beauvais, Arras, St Omer…). Une deuxième usine de teillage a vu le jour dans le Pas de Calais en remplacement de l’usine de Quesnoy-sur-Deûle qui a fermé. Vous pouvez retrouver toute l’histoire de cette usine ancestrale sur leur site internet en cliquant ici directement.
Pour expliquer ce qu’il se passe mécaniquement dans l’usine, Arnaud dispose de deux machines ancestrales de l’époque de ses grands-parents. A la fin de la visite, il réalise une démonstration sous mes yeux ébahis et ma grande curiosité ! Les tiges de lin passent dans le broyeur puis dans le moulin flamand permettant de réaliser la filasse. Il faut de la force dans les bras puis les jambes, pour faire fonctionner ces deux machines à l’ancienne, témoignant d’un véritable savoir-faire ! Tout ce processus de production de lin vise à obtenir les trois critères de qualité de la fibre de lin : sa longueur, sa finesse et sa solidité.
Que se passe-t-il après l’usine de teillage ?
Après le teillage, la fibre de lin poursuit ses étapes de transformation. La première étape est d’en faire un fil grâce à des entreprises de filature. Deux méthodes existent : soit la filature au sec destinée au marché de l’ameublement (car nous obtenons un tissu épais), soit la filature au mouillé destinée quant à elle aux textiles des secteurs de l’habillement et du linge de maison. Plus aucune filature n’était proposée en France depuis des années. Dernièrement à Béthune, l’entreprise Safilin a décidé de réimplanter en France l’une de ses usines de filature du lin. Elle a donc réalisé en mars 2022 la première bobine de fil 100% française ! Cliquez ici pour tout savoir sur cette filature !
Une fois la filature réalisée et en fonction de son utilisation, les bobines de fil de lin vont être tissées ou tricotées. Pour la réalisation de mes accessoires textiles assortis, j’ai souhaité d’une matière tissée de qualité 100% lin. J’ai donc opté pour la qualité de lin de France de l’entreprise locale Lemaitre Demeestere située à Halluin (Hauts-de-France). C’est l’un des plus vieux tisseurs de lin en France, l’entreprise existe depuis 1835. Un savoir-faire d’exception pour une qualité irréprochable de cette matière noble, naturelle et certifiée ! Découvrez davantage d’informations dans l’article de blog “Tout savoir sur le lin, cette matière aux nombreuses vertus” en cliquant ici directement.
L’une des dernières étapes de transformation est l’ennoblissement. Les traitements peuvent permettre de colorer le tissu grâce à la teinture, de changer l’aspect ou les propriétés de la matière. Pour le lin par exemple, le traitement stonewashed (ou lin lavé) amène de la légèreté et fluidité pour un toucher tout doux. En général, moi je préfère privilégier les lins lavés pour la collection d’accessoires textiles. Vous pouvez cliquer ici pour découvrir sur la boutique les créations en lin.
Pour s’assurer d’une qualité optimum, j’opte exclusivement pour la matière du lin certifiée par le label EUROPEAN FLAX® (anciennement Masters of Linen®) qui garantit son origine géographique 100% européenne. Un pas de plus vers une production responsable et locale !
Pourquoi le lin est-il zéro déchet ?
En plus de sa culture raisonnée, le lin est une plante zéro déchet. En effet elle est utilisée à 100% : filasse (fibre textile), graine, étoupe et même la poussière de lin. Le lin est éco-responsable et est utilisé dans divers secteurs de l’industrie textile, l’automobile, le mobilier, ou bien même pour l’alimentation.
Du cœur de la tige à sa pointe, tout est transformé !
Saviez-vous que les industriels de l’époque se chauffaient entièrement grâce au pellet de lin (la poussière de lin brulait dans la grande cheminée) ? Les propriétés du lin lui permettent également d’être un super isolant et d’être utilisé dans plusieurs applications de produits (voiture, jardinage…). Sur le marché, vous pouvez également retrouver un grand nombre d’accessoires en lin, comme par exemple la confection d’un gobelet 100% lin réalisé en France par Mon Gobelet en Lin. J’adore ce concept découvert récemment !
Plongez au cœur du lin à Hondschoote !
De nombreux événements à pied ou à vélo, sont organisés par le Grenier du Lin pour faire connaître et partager l’univers du lin : “La Promenade du lin”, “Route du lin”, “Rallye bleu” et des ateliers et visites personnalisés ! Vous trouverez forcément un évènement qui vous plaira pour découvrir cette matière naturelle aux milles vertus semé dans nos régions.
Le Grenier du Lin a été créée en 2004, par Valérie Van Robaeys-Cardon, femme d’Arnaud et grande passionnée du lin également. La marque possède deux points de vente à Hondschoote en France et à la Panne en Belgique. De nombreux magnifiques produits en lin sont proposés : vêtements, linges de maison, tissus, mais également des accessoires en lin.
Ne tardez plus, partez à la découverte du lin sur les pas d’Arnaud et sa famille ! Moment instructif, ludique et convivial ouvert à tous, petits et grands, curieux, amateurs ou professionnels. Suivez-les sur Facebook pour suivre toutes leurs actualités.